Les religieux conservateurs mettent souvent en garde contre les dangers de la sécularisation, de la même manière les défenseurs des États modernes sécularisés condamnent les tendances théocratiques des religions. Les "adversaires" considèrent cependant les uns et les autres que le sacré et le profane sont deux réalités grammaticalement opposées. Gabriel Vahanian les renvoie dos à dos. Le problème est ailleurs.À la lumière de la dialectique biblique de la sainteté et du séculier, il revendique ici le séculier, d'où le titre "Éloge du séculier". Vahanian affirme que la religion, loin d'être opposée au séculier, trouve son accomplissement précisément dans le monde sécularisé. Sur la base d'une interprétation rigoureuse de l'incarnation du Christ, il affirme que "nous n'avons pas compris la notion johannique de la parole qui se fait chair, même comme formulation (wording) de Dieu, tant que nous ne réalisons pas qu'elle doit se concrétiser en incarnation (worlding) de cette parole, également dans sa pertinence séculière".
En d'autres termes, le saint, plutôt que le sacré, requiert sa propre sécularisation. L'écriture poétique et profondément optimiste, Vahanian revivifie le séculier contre les revendications du fondamentalisme qui absolutise ce qui est relatif et contre une certaine forme d'athéisme idéologique (le "sécularisme") qui relativise l'absolu.
ISBN: 0813927013
University of Virginia Press, Charlottesville VA / London UK
